Le chlore est connu pour ses propriétés oxydantes qui lui permettent d’éliminer et d’empêcher la propagation de bactéries et micro-organismes. Son faible coût ainsi que son efficacité font du chlore une substance considérable utilisée dans de nombreux secteurs.
Ces dernières années on observe une augmentation de l’utilisation du chlore dans le traitement des eaux. Cela est dû dans un premier temps à l’augmentation démographique qui entraîne une augmentation de la consommation d’eau et donc du traitement de cette dernière. Mais également à la hausse de construction de piscines privées. En effet, en 2020 c’est 197 000 piscines qui ont été construites, soit une augmentation de 27,5% en un an.[2020 : une année record] De plus, le chlore étant bon marché, de plus en plus d’industries l’utilisent afin de protéger leurs infrastructures des bactéries et d’en éviter la prolifération. Ces dernières aspergent leurs locaux d’un mélange d’eau et de chlore . De ce fait, il y a de plus en plus de risque que le chlore se retrouve rejeté dans l’environnement.
Le chlore est toxique pour les organismes, il est également capable de réagir avec la matière organique de l’eau formant des sous-produits toxiques. Il est inflammable et présente des risques pour la santé.
Les vidanges de piscines dans les jardins, les rejets directs d’eaux usées des industries ou les rejets dus à l’usage courant sont la principale cause de présence du chlore dans l’environnement. Le rejet d’eau chlorée peut provenir également d’utilisations quotidiennes telles que l’arrosage de la pelouse, le lavage de voiture, le nettoyage des rues. Mais la présence de chlore dans l’environnement à des conséquences désastreuses sur la faune et la flore.
Pour éviter d’impacter l’environnement, certains ministères ont fixé des recommandations sur les rejets d’eaux chlorées et sur la concentration de chlore qui peuvent être rejetées dans l’environnement.
Par exemple pour « un rejet de courte durée en eau douce, la concentration de chlore peut varier de 0.0031 à 0.1 mg/L » [ Utilisation sécuritaire].
Traiter l’eau de la piscine avec du chlore à très peu d’impact sur l’environnement tant que l’eau reste à l’intérieur de la piscine. Il est possible que le chlore s’évapore, mais les quantités restent minimes et sans danger pour l’environnement. Cependant lors des vidanges, si l’eau chlorée est rejetée dans les jardins, sans procédure de déchloration, cela peut entraîner des conséquences désastreuses. En effet, une fois dans l’air ou dans l’eau, le chlore réagit avec d’autres produits chimiques.
Le chlore se combine avec des éléments inorganiques pour former des sels de chlorure dont le plus connu est l’hypochlorite de sodium. Il peut également réagir avec des composés organiques pour former des produits organiques chlorés tels que le dichlorométhane ou le chloroforme dont le plus connu est la chloramine (NHCL). Tous ces éléments formés sont regroupés dans une famille appelée Trihalométhanes.
Une exposition prolongée à de forte concentration en trihalométhanes lorsque les doses sont de l’ordre de plusieurs mg par kg corporel (selon l’Organisation mondiale de la santé, 2000) peut entraîner une toxicité rénale ou hépatique et pouvant aller jusqu’à la dépression du système nerveux pour les animaux. (Institut national de santé publique du Québec) . Mais cela impacte également les végétaux.
Les chloramines sont très toxiques pour les organismes aquatiques et terrestres. En effet, ces dernières peuvent perturber le transport d’oxygène chez les poissons, car elles arrivent à traverser leur épithélium . Pour les végétaux, peu d’études ont été menées néanmoins, on sait que la chloramine endommagerait les chromosomes. Une étude menée sur les amphibiens montre que la chloramine au-delà d’une certaine concentration provoque des mutations[Guide pour l’évaluation…].
formation des sous-produits dans l’eau, source: E.Durand, B.Cauchon, A.Jacquart, A.Richard, G-C.NEGUE OBIANG
Le chlore a également la capacité d’agir sur les protéines des organismes présents dans les sols et cela engendre un retard ou une absence de croissance et peut même causer leur destruction. Des études en laboratoire ont également montré qu’un contact prolongé entre le chlore et les animaux peut être très nocif et engendre des problèmes au niveau du système immunitaire et respiratoire[Chlore, propriétés chimiques,…].
De plus, lorsqu’un animal se baigne dans une piscine, lorsque ce dernier boit l’eau, cela entraîne une déshydratation rapide, susceptible d’entraîner un coma voire la mort.
Lorsqu’une piscine est traitée avec plusieurs produits tels que la javel et le chlore, ces deux éléments peuvent réagir ensemble et former des gaz toxiques tels que le chlore gazeux.
D’après l’OMS, une recommandation de 0,5 µg·L-1 d’oxydants produits par le chlore a été retenue pour la protection de la vie marine .
D’autres recommandations ont également été mises en place sur la qualité de l’eau et la quantité de chlore résiduel. Le seuil est fixé à 0.05mg/L , au-delà de ce dernier, l’eau peut endommager les organismes[LAZAROVA, Valentina et BAHRI, Akica] .
Le rejet d’eaux chlorées par les effluents impacte également la vie aquatique. En effet, les sous-produits du chlore contenus dans l’eau peuvent être transportés à travers les égouts et s’y accumulent. Habituellement le chlore est consommé par la matière organique et n’est pas rejeté dans l’environnement .
Des accidents peuvent arriver et impacter de façon désastreuse l’environnement.
Par exemple, la rupture d’une canalisation contenant des eaux chlorées peut entraîner la contamination d’autres cours d’eau. Le rejet d’eaux chlorées dans le milieu aquatique est désastreux. Par exemple, pour les plantes aquatiques, la concentration en chlore ne doit pas excéder 50µ/g/L. Au-delà de cette concentration, les plantes ont un retard de croissance .
En 2017, sur le Territoire de Belfort, les habitants ont « observé une grosse mortalité de poissons. Une centaine de truites chabots a été récupérée. La rivière aurait été polluée par un produit chloré.
Une mortalité importante qui met en péril la population de poissons dans la rivière. Les épisodes de pollution à répétition ne laissent pas les poissons se reproduire. À terme, il pourrait ne plus y avoir aucune population de poissons. » [Auxelles-Bas : pollution au chlore dans le Rome.]
Des accidents au niveau des usines peuvent également avoir lieu. Ça a été le cas à Bringall en 2011. L’usine de traitement a laissé s’échapper 200 litres de chlore provoquant une pollution de la rivière sur un kilomètre. Cette catastrophe a été fatale pour les poissons puisque sur tout le kilomètre pollué tous les poissons ont été retrouvés morts [Pollution. Une fuite de chlore dans la rivière,…].
Afin de protéger l’environnement, de nombreuses solutions ont été apportées. Par exemple, il est possible de traiter l’eau de sa piscine par le sel ou encore d’effectuer une déchloration de l’eau avant les vidanges. Pour l’eau à usage quotidien des traitements par rayons ultra-violet peuvent également être mis en place. Ces solutions permettraient de réduire l’impact du chlore sur l’environnement, cependant elles ont un coût élevé et une efficacité inférieure à celle du chlore .